jeudi 10 juillet 2014

LORSQUE LES YEUX s'assombrissent...


Je me promène entre deux averses dans les rues de ce minuscule village français du Pays Cathare. Un soleil mouillé m'aveugle et me brûle la peau par surprise. 
On s'y salue ici le plus souvent en anglais. Seuls quelques vieux vous lancent un bonjour avec le rocailleux et chantant accent du sud.
J'aime l'air détendu qu'on y respire...
Pourtant mon coeur se serre : nos visiteurs ne nous affectionnent pas, nous trouvent paresseux et mal-aimables m'a-t-on jeté, en riant pourtant, ce matin à la figure.
Etrange... Viennent-ils seulement ici pour nos collines ? nos murs ? notre gastronomie ?
Et cela même n'est-il pas suffisant pour nous aimer au moins un peu ? passer outre la franchise de nos humeurs ?
L'histoire sacrée, où toute bénédiction passe par le don de nourriture, nous enseigne que quelque chose se transmet de la bouche à l'esprit, comme lorsque Isaac demande à son fils Esau :"Fais-moi les plats goûteux que j'aime, et apporte-les moi que je les dévore et que pour cela mon âme (mon essence) te bénisse."*
Ainsi ces gens d'ailleurs, ceux-là même qui se réjouissent de nos mets, vont-ils renier la main qui les cuisine ? Ne vont-ils en retour poser sur l'âme qui les prépare, sur nous, une bénédiction ?

* Ma traduction de Gn 27,4



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